MÉMOIRE DE L’ASSOCIATION CANADIENNE
DES ERGOTHÉRAPEUTES
Synopsis
L'Association canadienne des ergothérapeutes (ACE)
est le porte-parole national de plus de 12 000 ergothérapeutes du Canada. Elle
aide les ergothérapeutes à atteindre l'excellence dans l'exercice de leur
profession et fait preuve d’un leadership actif à l'échelle nationale pour le
développement et la promotion d'une profession centrée sur le client au Canada
et internationalement.
Considérant la situation budgétaire actuelle du
gouvernement fédéral, l’ACE souhaite formuler trois recommandations concernant
un domaine clé pour l'économie canadienne : la spirale ascendante des coûts du
système de santé.
1. Promotion de la santé : La santé
est un élément clé des dépenses publiques et un facteur important du bien-être
de la population et de la prospérité économique. Le gouvernement fédéral a joué
le rôle de leader dans ce domaine, et il doit continuer à le faire, en appuyant
une gamme continue de services de santé comprenant la prévention des maladies
et la promotion de la santé afin de réduire le nombre de Canadiens dont
l'indépendance et la productivité sont limitées par des problèmes de santé.
Recommandation : L’ACE demande au gouvernement
fédéral d'accorder la priorité à la promotion de la santé et à la prévention
des maladies dans sa politique de la santé pour le bien-être des Canadiens
en veillant à obtenir la meilleure valeur possible de chaque dollar consacré
aux soins de santé.
2. Un Guide d'activité national : Cet outil clé de promotion de la santé et de prévention des
maladies peut stimuler l'engagement dans les activités significatives (tout ce
que font les gens dans leur vie quotidienne). Plus qu'une simple liste
d'activités physiques, un Guide d'activité national peut servir à éduquer et à habiliter
les Canadiens pour qu'ils entreprennent des activités d'intérêt, et à faire
comprendre les avantages pour la santé de la participation à des activités
autres que celles considérées comme « de l'exercice ».
Recommandation : L’ACE demande au gouvernement
fédéral d'élaborer, de mettre en oeuvre et de diffuser un Guide d'activité
national pour l'activité, la santé et le bien-être.
3. Ressources humaines dans le
secteur de la santé : Alors que la cohorte actuelle
de professionnels de la santé commence à prendre sa retraite, le recrutement et
la rétention de nos professionnels de la santé revêtent une importance
capitale. Bien que l'Initiative relative aux professionnels de la santé formés
à l'étranger (IPSFE) soit une ressource cruciale pour faire face aux besoins de
main-d'oeuvre, ces professionnels sont toujours confrontés à des obstacles
lorsqu'ils veulent travailler au Canada. Aucun financement à long terme n'a été
accordé à l'IPSFE pour aider ces travailleurs à avoir accès aux programmes
conçus pour favoriser leur intégration à la population active du Canada. Les
participants à la plupart des programmes ne sont pas admissibles aux programmes
actuels de prêts aux étudiants. Bon nombre des professionnels de la santé
formés à l'étranger n'ont pas les moyens de payer les frais de participation
aux programmes de qui leur permettraient d'entrer plus rapidement dans la
population active et de contribuer ainsi à la prospérité de la nation.
Recommandation : L’ACE demande au gouvernement
fédéral de fournir des fonds pour la participation aux programmes de
l'Initiative relative aux professionnels de la santé formés à l'étranger.
Introduction
Le ministre des Finances, l'honorable Jim
Flaherty, déclarait récemment que « la santé de l'économie du Canada… dépend
en grande mesure des décisions budgétaires prises ici ». Considérant la
situation budgétaire actuelle du gouvernement fédéral, l'Association canadienne
des ergothérapeutes (ACE) s'adresse au gouvernement au sujet d'un domaine clé
pour l'économie canadienne, la spirale ascendante des coûts du système de
santé.
Comme le gouvernement tient à éponger les
déficits, réduire la dette et se préparer à faire face à une éventuelle autre
crise économique mondiale, l’ACE lui propose de se pencher sur un secteur clé
du système de santé afin d'y apporter des changements contribuant positivement
à sa démarche économique. Les changements au système de santé canadien ne
doivent pas obligatoirement coûter cher. Les solutions consistent simplement à
rationaliser ce qui existe et qui est efficace. Le travail d'équipe doit
remplacer l'effort individuel. L'interdépendance et le soutien mutuel doivent
remplacer l'autonomie clinique. (Lewis, 2011)
Rôle du gouvernement fédéral dans le système de santé : leadership pour le bien-être des Canadiens
La santé est un élément clé des dépenses publiques
et un facteur important du bien-être de la population et de la prospérité
économique. Le gouvernement fédéral a joué le rôle de leader dans ce domaine,
et il doit continuer à le faire, en appuyant une gamme continue de services de
santé comprenant la prévention des maladies et la promotion de la santé afin de
réduire le nombre de Canadiens dont l'indépendance et la productivité sont
limitées par des problèmes de santé.
Le succès historique de notre accès universel,
exhaustif et à financement public au système de santé s'explique en grande
mesure par la clairvoyance et le leadership du gouvernement fédéral. La
conjoncture actuelle lui offre une occasion stratégique de minimiser les coûts
de renonciation associés à la maladie chronique et aux pandémies de santé mentale,
au vieillissement de la population, au départ à la retraite des travailleurs et
au rétrécissement potentiel de l'assiette fiscale. Le gouvernement fédéral peut
assurer la cohésion sociale et une prestation équitable des services à tous les
Canadiens.
La promotion de la santé et la prévention des
maladies constituent actuellement la septième priorité du Plan décennal pour
consolider les soins de santé. Les Canadiens ont bénéficié des priorités
ciblées en matière de temps d'attente. Le succès a été obtenu au moyen
d'objectifs numériques et de cibles claires. La même démarche s'impose pour
élaborer et lancer une stratégie concernant un changement dans la prestation
des services de santé afin de contribuer réellement et sérieusement à la santé
des Canadiens.
La prévention des maladies et des blessures permet d'économiser de l'argent
Les programmes de prévention ont fait la preuve de
leur efficience et de leur efficacité pour les Canadiens qui y participent.
Leur coût est compensé par un recours moindre au système de santé.
Une étude de l'efficience d'un programme
d'ergothérapie préventif a fait ressortir des bienfaits notables sur le plan de
la santé, des fonctions et de la qualité de vie d'un groupe d'adultes de plus
de 60 ans. Le coût de participation à ce programme de neuf mois était de 548 $
US (518 $ CAN) par personne. Le coût de santé par participant était de 967 $ US
(914 $ CAN). Pour ceux qui ne faisaient pas partie du groupe de prévention, les
coûts de santé variaient entre 1 726 $ et 2 593 $ US (1 631 $ à
2 450 $ CAN) par personne. L'étude a démontré des économies pour les
participants (de 60 ans et plus) et une amélioration de leur qualité de vie (Hay et al., 2002).
Un programme de visites à domicile pour éduquer
les parents sur les risques pour la sécurité de leurs enfants à la maison, dans
le but de réduire les blessures et le recours ultérieur aux services de santé,
a montré qu'une seule visite à domicile par famille permettait de réduire le
coût total des soins dispensés pour des blessures. L'économie réalisée était de
372 $ CAN par blessure (King et al., 2001).
Une intervention préventive concernant la capacité
d'adaptation d'un groupe de personnes ayant récemment fait l'objet d'un
diagnostic de dorsalgie a débouché sur une forte réduction de la douleur, plus
d’activité, une meilleure qualité de vie et une meilleure santé générale. Les
personnes ayant reçu cette intervention ont eu un coût total par personne plus
bas (2 468 $ CAN) pour leur employeur que celles qui ne l'avaient pas
reçue (6 866 $ CAN) (Linton & Nordin, 2006).
On estime que les blessures causées par les chutes
de personnes de 65 ans et plus au Canada coûtent 2,8 milliards de dollars par
an à l'économie (Scott, Peck, & Kendall, 2004).
Selon une estimation de l'Agence de santé publique du Canada, réduire le nombre
de chutes de 20 % pourrait se traduire par 7 500 hospitalisations en
moins et 1 800 personnes âgées en moins handicapées de manière permanente,
et faire économiser 138 millions de dollars par an à l'échelle nationale (ASPC,
2005).
Ces exemples ne sont qu'un petit échantillon des
résultats économiques concrets et positifs pouvant résulter de programmes de
prévention. Ces programmes réduisent le recours au système de soins de santé et
améliorent la qualité de vie de plusieurs manières. Ils sont bénéfiques à la
fois à leurs participants et aux dispensateurs de soins de santé.
Recommandation : L'Association canadienne des
ergothérapeutes (l’ACE) demande au gouvernement fédéral d'accorder la
priorité à la promotion de la santé et à la prévention des maladies dans sa
politique de la santé pour le bien-être des Canadiens en veillant à obtenir la
meilleure valeur possible de chaque dollar consacré aux soins de santé.
S'engager envers un modèle de prévention pour améliorer la santé des Canadiens : un mode de vie sain
Pour tirer parti des bienfaits de la promotion de
la santé et de la prévention des maladies, les ergothérapeutes estiment qu'un
Guide d'activité national est un outil précieux pour promouvoir l'engagement
dans des activités significatives (toutes les choses que font les gens dans
leur vie quotidienne). Des recherches ont montré l'existence de liens positifs
entre l'activité, la santé et le bien-être, ce qui débouche sur une population
en meilleure santé. Les personnes actives (seules, en famille, avec des amis ou
dans leurs collectivités), quel que soit leur âge, sont en meilleure santé et sont
plus heureuses que celles qui ne s'engagent pas dans leur vie (incapables, pour
quelque raison que ce soit, de participer aux activités qui les intéressent).
Par exemple, des recherches ont montré que les adultes âgés tirent des
bienfaits importants du bénévolat, sur le plan de la santé. De même, des recherches
indiquent que les enfants participant à des activités en dehors de l'école ont
plus de résilience et moins de contacts avec l'appareil judiciaire. Plus qu'une
liste d'activités physiques, un Guide d'activité national portera sur un large
éventail d'activités quotidiennes et encouragera les Canadiens à choisir de
participer activement à la vie et, en même temps, d'éviter les blessures et les
maladies.
Des recherches récentes sur la maladie d'Alzheimer
permettent de penser que la moitié des cas peut être causée par des facteurs de
risque modifiables du mode de vie, comme le diabète, l'hypertension dans la
force de l'âge, l'obésité dans la force de l'âge, l'inactivité physique, etc.
Quand on sait que le coût mondial de la démence atteint selon certaines
estimations 604 milliards de dollars US, un mode de vie sain comme celui
recommandé dans un Guide d'activité national pourrait aider à contrôler environ
la moitié des facteurs contribuant à cette crise qui s'aggrave (Brodaty, Petersen, et al., 2011).
Tous les Canadiens doivent contribuer activement à
leur propre bien-être. Les lignes directrices recommandant l'activité physique
n'assurent pas le succès de la promotion d’une meilleure santé. Aller au-delà
des lignes directrices sur l'activité physique au profit d'un guide d'activité
assurera un plus grand engagement des Canadiens envers des résultats de santé
positifs tout en assurant une plus grande possibilité d'engagements durables.
Il est crucial d'offrir plus d'options sur le fait d'être actif, au-delà de 30
minutes d'exercice par jour.
Recommandation : L’ACE demande au gouvernement
fédéral d'élaborer, de mettre en oeuvre et de diffuser un Guide d'activité
national pour l'activité, la santé et le bien-être, englobant tous les aspect
de la vie des Canadiens et contribuant directement à ralentir l'apparition des
maladies chroniques, à prévenir les blessures et à favoriser une main-d'oeuvre
plus productive.
Assurer la disponibilité des ressources humaines requises dans le secteur de la santé
L'immigration a toujours fait partie intégrante de
la stimulation de la croissance économique au Canada. Avec le vieillissement de
la population et la chute des taux de fertilité, le recours à l'immigration
pour la croissance, surtout dans le secteur des professionnels de la santé, est
crucial (von Zweck, 2011). Comme la cohorte actuelle des professionnels de la
santé commence à prendre sa retraite, le recrutement et la rétention de nos
professionnels de la santé revêtent une importance capitale. Bien que
l'Initiative relative aux professionnels de la santé formés à l'étranger
(IPSFE) soit une ressource cruciale pour faire face aux besoins de
main-d'oeuvre, ces professionnels sont toujours confrontés à des obstacles
lorsqu'ils veulent travailler au Canada. Aucun financement à long terme n'a été
accordé pour aider les travailleurs de la santé formés à l'étranger à avoir
accès aux programmes conçus pour favoriser leur intégration à la population
active du Canada. Les participants à la plupart des programmes relais ne sont pas
admissibles aux programmes actuels de prêts aux étudiants. Bon nombre des
professionnels de la santé formés à l'étranger n'ont pas les moyens de payer
les frais de participation aux programmes qui leur permettraient d'entrer plus
rapidement dans la population active et de contribuer ainsi à la prospérité de
la nation.
Les besoins d'apprentissage des ergothérapeutes
formés à l'étranger sont extrêmement variables, ce qui exige de la souplesse
dans les programmes de formation. Le succès des participants au programme est
extrêmement tributaire du temps dont ils disposent, de leurs ressources
financières et de leur engagement, et il peut être entravé par maintes autres
obligations. Par exemple, une étude concernant les techniciens de laboratoire
médical a révélé que le professionnel moyen formé à l'étranger a besoin de
trois à cinq ans pour devenir certifié et trouver un emploi dans sa profession
au Canada. Durant cette période, il sera fréquemment obligé d'occuper un emploi
de survie. Un programme relais correctement financé permettrait de ramener
cette période à aussi peu qu'une année et d'assurer l'intégration plus rapide
de ces ressources précieuses.
L'Association canadienne des ergothérapeutes
considère qu'il est essentiel pour le Canada d'avoir des ressources humaines
durables et efficacement intégrées dans le secteur de la santé pour répondre
aux besoins de santé de la population. Tous les Canadiens devraient avoir accès
aux bons professionnels au bon moment dans leur propre collectivité, pendant toute
leur vie.
Recommandation : L’ACE demande au gouvernement
fédéral de fournir des fonds pour la participation aux programmes de
l'Initiative relative aux professionnels de la santé formés à l'étranger.
Conclusion
Les coûts du système de santé sont un élément
majeur des dépenses publiques. Le bien-être et la santé des Canadiens jouent un
rôle important dans la performance économique du pays. Le gouvernement fédéral
devrait renforcer le rôle de la promotion de la santé et de la prévention des
maladies comme élément clé des politiques de la santé, et veiller en outre à
renforcer le recrutement et la rétention des ressources humaines dans le
secteur de la santé en finançant des programmes relais de manière adéquate. Ces
programmes sont importants pour faciliter l'intégration dans la population
active des professionnels de la santé formés à l'étranger.
L'Association canadienne des ergothérapeutes (ACE)
est le porte-parole national de plus de 12 000 ergothérapeutes du Canada.
Elle aide les ergothérapeutes à atteindre l'excellence dans l'exercice de leur
profession et fait preuve d’un leadership actif à l'échelle nationale pour le
développement et la promotion d'une profession centrée sur le client au Canada
et internationalement.